Elle avait réussit à surprendre mademoiselle Persephone... Ça avait été tellement facile... Il fallait croire qu'elle était connue finalement la petite Némésis. Enfin petite... Ouais, petite ! Et alors ?! Petite ne voulait pas dire immature ou incapable ! Elle était bien plus mature que n'importe quel homme et beaucoup plus dangereuse et efficace qu'un assassin normal. Oui Némésis était connue car craint. La rumeur d'une tueuse impitoyable avait vite fait le tour de la ville même si c'était monnaie courante de nos temps. Némésis la messagère de la mort était bien la dernière personne qu'on voulait croiser, quite à se retrouver face à un gang dangereux. Avec eux au moins on pouvait s'arranger, avec Némésis, non....
Bref, la question n'était pas de savoir si Némésis était petite ou non puisque la réponse était oui, mais plutôt de savoir comment allait réagir Persephone.

- « Némésis.. Me tuer ? Pourquoi pas. »

Bon bah ça c'était fait. Même pas besoin de papoter comme avec les autres. Ah... Les pleurnichards habituels étaient d'un ennuis... Il y avait juste à leur souffler dessus pour qu'ils meurent. Tellement pitoyables. La vie en liberté ne les avait pas arrangés finalement. Ils étaient devenus aussi faibles que les humains... Ça faisait bien longtemps que Némésis n'avait pas pu prendre part à un vrai combat. Elle avait enchaîné les mises à mort mais personne ne lui avait offert de vrai combat. Ils n'avaient su que fuir... comme lorsqu'ils s'étaient échappés de Manticore. A cette idée, le regard de Némésis se fit encore plus noirs et glacial, le regard de Persephone ne l'effrayait aucunement. Elle n'avait pas peur de cette croisée anaconda-panthère qui, finalement, lui ressemblait beaucoup trop à son goût.
Les deux étaient prêtes à mourir pour leurs convictions mais pourtant elles s'opposaient. Persephone se battait pour sa vie, Némésis se battait pour la lui prendre...

- « Oui tiens... Pourquoi pas ? Bourre-toi donc la gueule, tu souffriras moins. »

Ceci dit, elle fit un pas en arrière et disparut dans l'obscurité. En quelques instants, elle se trouvait derrière la femme et son couteau s'apprêtait à creuser une entaille suffisamment profonde pour la tuer mais l'autre ne resta pas sans rien faire et le couteau ne fit qu'une entaille superficielle qui se mit néanmoins à saigner. Némésis passa la langue sur ses dents en souriant, cette Persephone était plutôt douée, ça risquait de devenir amusant...

Les quelques lampadaires miteux qui étaient encore allumés s'éteignirent brusquement, plongeant les deux filles dans l'obscurité totale : c'était le début de la nuit, les lampadaires s'éteignaient bêtement. Peut être était-ce un coup des scientifiques ? Pour l'aider ? Non... Impossible... Qui alors ? Ou quoi ? Pourquoi ces putains de lampadaires s'étaient-il éteints ? Non pas que ça handicape Némésis puisqu'elle voyait dans le noir, mais ça ne faisait pas partit de ses plans. Tant pis... Il allait falloir s'en accommoder.
Persephone voyait-elle dans le noir ? Techniquement oui, puisqu'elle avait des gènes de panthère mais bon...

Némésis sauta en l'air pour éviter un coup, se baissa à temps pour sentir une mèche de ses cheveux se couper et recula d'un pas en souriant. L'Obscurité c'était son dada, son monde...
Némésis était l'obscurité, elle était ce monde noir et sans pitié. Si les lampadaires ne se rallumaient pas rapidement, Persephone allait voir s'écouler les dernières secondes de sa vie...

- « Tu es plutôt douée pour une lâche... »

Némésis n'affichait aucun essoufflement, aucune joie ou aucune contrariété. Elle était indifférente, comme si ce combat n'était pour elle qu'un vulgaire passe-temps. Et c'était peut être le cas... Némésis était née pour tuer, sa destinée était d'écraser celles des autres. Tuer était devenue une habitude dont on pouvait difficilement la détacher...

[à écouter avec cette chanson : Ici, ça fait classe 8D]

- « A cette époque, tu sais, la seule chose qui comptait c'était de me barrer de cette foutue prison. Tu voulais que je fasse quoi, Némésis ? Que je ne parte pas sans toi ? C'était à peine si tu savais que j'existais alors que j'étais là pour toi. Tu veux savoir ce que cela m'a fait d'être ENFIN libre ? Du bien. J'avais l'impression d'être libre, aussi libre que l'air. Et je m'en fichais que tu pourrisse là-bas. Parce que tu n'éprouvais pas même un peu de sympathie à mon égard. »

Le restant de cœur qu'il restait à Némésis se déchira et elle posa la main sur sa poitrine en gémissant. Tout était faux, tout ce que racontait cette Perséphone était faux ! Non ! C'était impossible ! Impossible que le seul lien qui la rattachait à la vie soit ainsi brisé... Non... Némésis ne voulait pas que la seule personne qui se soit un jour souciée d'elle disparaisse ainsi, elle ne voulait plus être abandonnée...

Qu'est-ce que Perséphone aurait pu faire ? N'importe quoi ! Elle aurait pu essayer de s'enfuir avec Némésis, non ? Elle aurait pu l’aider à fuir ceux qui la tuait à petit feux ? Elle aurait pu la protéger ? N'était-ce pas ainsi qu'une amie aurait réagit ? Amie... Un terme qui restait étranger à Némésis, un terme qu'elle aurait aimé connaître mais il fallait ouvrir les yeux : AngelX6-666 était une tueuse, une chasseuse, une traîtresse...
Quelle personne sensée voudrait être amie avec une traîtresse ? Non... Némésis n'était rien d'autre qu'une traîtresse, une fille sur qui on crache, une fille qu'on aimerait voir morte. Némésis n'était rien d'autre qu'une gêneuse, rien d'autre qu'une chasseuse qu'on voulait éviter. Némésis n'aurait jamais d'amis, Némésis n'aurait jamais personne, Némésis était la Mort et la Mort n'a pas d'amis...

Quelque chose s’était brisé en Némésis. La seule personne qu’elle aurait voulu protéger, la seule personne qu’elle voulait éviter, la seule personne qu’elle ne voulait pas voir mourir venait de la tuer sans pitié. Oui, Némésis avait des sentiments, Némésis restait humaine et lorsqu’elle sentit son cœur se briser, elle maudit cette partie d’elle-même qui était si faible, cette partie d’elle-même qu’elle ne pouvait pas tuer, cette partie d’elle-même qui restait humaine. Némésis était brisée, Némésis souffrait, Némésis mourrait. Plus rien n’avait d’importance pour elle, plus rien ne la maintenait en vie, plus rien…

- « Tu étais la seule personne en qui j’avais confiance, la seule personne que je voulais voir après avoir subit des heures entières de souffrance. La seule personne qui semblait me comprendre, la seule que j’avais envie de voir éternellement à mes côtés. Oui… tu étais la seule personne qui me donnait encore envie de vivre, la seule personne pour qui j’ouvrais les yeux après avoir subit trop de souffrances. Tu dis que je ne faisais pas attention à toi ? Et comment aurais-je dû te montrer mon affection ? Je suis née dans ce laboratoire, j’ai rapidement été fichée comme expérience amusante à faire souffrir et les seules choses qu’on m’apprenait c’était la souffrance et la violence. Comment aurais-je su comment me comporter avec toi ? Et j’avais peur… si peur que les scientifiques se rendent compte à quel point tu comptais pour moi et qu’ils t’utilisent pour me faire encore plus souffrir. Je n’avais pas peur de souffrir, loin de là, j’avais peur pour toi. J’avais peur qu’ils se mettent à te torturer comme ils le faisaient avec moi, j’avais tout simplement peur que tu souffres et je me disais bêtement que si je ne réagissait pas, les scientifiques ne te feraient rien… Je n’ai même pas pu te reconnaître immédiatement tant les scientifiques m’ont bourrés le crâne d’ordres et de connaissances. Pour moi, lorsque je t’ai aperçue tout à l’heure dans la rue, tu n’étais que Perséphone et il n’y avait aucun écho sur ce que tu avais été pour moi à Manticore. J’ai mis du temps à me rappeler les soins que tu me donnais lorsque je rentrais en sang, j’ai mis du temps avant d’extraire mes sentiments du tas de cadenas que m’ont posés les scientifiques dans mon cerveau. Tu es la seule personne dont je me rappelle véritablement, la seule personne en qui je croyais, la seule personne pour qui j’abandonnerai tout aujourd’hui…»

Némésis baissa la tête et se mordit les lèvres. Est-ce que Perséphone avait entendu son appel au secours ? Sans doute pas… Ou alors elle s’en fichait royalement… Et lorsque Perséphone projeta son pied dans le tibia de Némésis, ce fut la destruction de tout ce qui restait de doux en Némésis, ce fut la fin de la partie humaine de la Mort.

Et, alors qu'elle chutait vers le sol, Némésis se rappela des paroles des scientifiques : « Ne fais confiance en personne. Jamais personne ne t’aidera puisqu’ils ne pensent qu’à eux, ils ne pensent qu’à sauver leur peau. Ne crois pas qu’un jour quelqu’un te tendra la main, à leurs yeux tu es une traîtresse… ». Oui… Finalement quel intérêt de croire en l’être humain ? La seule fois où AngelX6-666 s’était risquée à éprouver un sentiment envers quelqu’un, ce quelqu’un l’avait trahis et abandonnée. A chaque fois qu’elle tuait, on demandait sa pitié, on lui demandait de ne pas tuer mais eux… avaient-ils un jour eu pitié d’un être comme elle ? Est-ce qu’ils auraient été la sauver de ce laboratoire ? Non… Ils étaient capables de la supplier mais sitôt qu’elle aurait le dos tourné, ils la poignarderaient sans hésiter. L’être humain ne pensait qu’à lui…

Alors qu’elle chutait vers le sol, la messagère de la Mort se réveilla et retomba souplement sur ses deux jambes. Ouvrant les yeux, elle regarda Perséphone et fit un trait sur la seule chose qui la rattachait à l’être humain. Désormais elle n’était plus humaine, elle refusait de se considérer comme ces traîtres. Désormais la faible AngelX6-666 n’était plus, Némésis prenait le pouvoir…
Ses cheveux étaient tels les flammes, dévastant tout sur leur passage. Ses yeux lançaient des éclairs et aurait fait reculer n'importe quelle personne tant l'intensité était forte. Si les yeux de Némésis avaient pu tuer, aucun doute que Perséphone serait morte dans d'atroces souffrances. Ses yeux étaient comme l’abysse des enfers, effrayants et attirants à la fois. Ses mains tremblaient de rage et ses crocs paraissaient encore plus pointus et tranchants. Némésis n'était plus l'ange de la mort, elle était la Mort.

- « Jamais plus… jamais plus je ne croirais en l’être humain… »

Ces paroles murmurées avec tant de haine grondèrent dans la poitrine de Némésis. Saisissant sa lame, ses griffes sorties, Némésis fit un trait sur son passé et frappa le sol de son pied lorsqu’elle bondit en l’air. Sa vitesse était ahurissante et son pied s’enfonça dans le ventre de Perséphone et la fit tomber. Némésis n’avait plus aucune pitié et désormais, Perséphone ne signifiait plus rien à ses yeux. Plus rien d’autre qu’une transgénique qu’elle avait ordre de tuer…
Elle sauta à terre et s’ensuivit un échange de coups. Némésis n’entendais plus rien, elle était devenue sourde aux supplications, sourde aux prières, sourde à l’appel de la Vie. D’un seul coup, elle sentit que quelque chose allait se passer et elle ferma les yeux une demi seconde, elle sentit quelque chose la couper au niveau de l’épaule droite mais elle s’en fichait. Elle ouvrit les yeux et regarda avec plaisir Perséphone, éblouie par la lumière jaillissant du lampadaire sous lequel elles se trouvaient. Némésis avait entendu les électrons se diriger vers le lampadaire et avait fermé les yeux juste à temps pour ne pas être éblouie. Perséphone ne l’avait apparemment pas entendu et avait été piégée par la lumière. Némésis enfonça sa lame dans la cuisse droite de Perséphone puis quelque part ailleurs dans le corps de son ennemie. Elle entendit Perséphone dire quelque chose et recula d’un bond afin de retourner dans l’obscurité. Elle haïssait la lumière et préférait l’obscurité qui l’avait toujours accueillie… AngelX6-666 n’était plus, la seule partie encore lumineuse de Némésis venait de disparaître et tout en elle n’était plus qu’obscurité et ténèbres…